RATABOUILLADE à
Collobrières organisée par Claude
Bénistrand du 03 au 07 mars |
C'est à l'hôtel des Maures, situé à Collobrières dans
le département du Var, que Claude Bénistrand nous a convié pour notre 56e
Ratabouillade. Ce fut l'occasion de découvrir pour certains ou de revoir
pour d'autres le Massif des Maures. Nous étions 24 participants à ce rendez-vous bisannuel dont 19 en VTT avec ou sans assistance électrique. |
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![]() Le groupe des grands circuits (photo Régis Paraz) |
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Claude avait prévu des parcours de plus de 50
km avec un dénivelé supérieur à 1000 m. Nous avons opté, Chantal et
moi-même, pour des circuits plus adaptés à notre forme physique du
moment: environ 30 km et 600 m de dénivelé: - La route des crêtes Marc Robert depuis La Garde-Freinet - Les nouveaux cols, découverts par l'ami Guy, près du col de Babaou à partir de Collobrières - La Chartreuse de la Verne à partir de Collobrières avec l'ami Pascal |
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Voir le reportage photos d'Alain: https://photos.app.goo.gl/HhF7m3sBZg46LVtz5 | |
Voir le reportage photos de Martine: https://photos.app.goo.gl/7AW7FadeqWgdTRda7 | |
Voir le reportage photos de Jean-Michel: https://photos.app.goo.gl/akZvLvfoMX3rwt5P8 | |
Voir le reportage photos de Régis: | |
Le compte-rendu de Victor Sieso Ratabouillade des Maures à Collobrières, du 3 au 7mars 2025 |
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J’imagine assez la somme
de boulot qu’a pu se coltiner l’ami Claude de Clermont-Ferrand pour
construire le belédifice de cette 56° ratabouillade : d’abord prévoir un
hébergement adéquat pour grand groupe, chercher desparcours, trouver des
dates, discuter des prix, prévoir la possibilité de salle indépendante
pour nos soiréeapéritives, puis concrétiser, reconnaître les parcours
sur le terrain, prévoir d’éventuelles variantes, discuter des
possibilités de faire des parcours routiers pour celles et ceux que le
vtt rebute un tantinet, ou de sorties touristiques pour les
non-pédalants. Travail considérable, invisibilisé une fois la tâche
accomplie, comme si nul effort n‘avait été consacré à l’avènement de cet
événement. Alors que c’est évidemment l’inverse qui est vrai. A
l’unanimité les participants seront reconnaissants au bonhomme pour la
quasi-perfection de cette organisation. |
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![]() L’ancienne église St Pons à Collobrières |
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Faut dire que des facteurs favorables ont joué pour nous tous
: beauté intrinsèque du coin (le massif des Maures), remarquable
hébergement à l’hôtel des Maures (une affaire familiale), saison idéale
pour parcourir une région menacée par les feux de l’été (dans tous les
sens du terme), le sur-tourisme en période estivale – à cet égard nous
bénéficierons d’une météo plus que correcte, cieux le plus souvent
dégagés, fraîcheur qui n’était pas froidure hivernale, absence de vent
furibard. Ça n’a pas été toujours le cas de réunir tant d’atouts
positifs par le passé, souvenons-nous, en septembre dernier seulement,
la pluie, le Jura amputé, ses routes suintantes de flotte. Saluons donc
les bonnes fées qui nous ont gratifié d’un séjour réussi au-delà de ce
qui était espéré : le programme fut respecté et accompli sur les quatre
journées octroyées. La troupe en cette première édition 2025 compta la vingtaine de mordus, sans compter les dames (sauf Martine, Christine et Chantal) qui indépendamment se concoctèrent des itinéraires de visites ici et là. Malgré des absents habitués (une pensée amicale pour le Francis en convalescence orthopédique), quelquenouveau venu coopté (Jean-Michel des Alpes Maritimes), et des vieux de la vielle, dont certains s’équipent en électrique et d’autres retournent à leur monture tout acier, ils ou elles se reconnaîtront. Depuis un février passé en grande partie dans l’Espagne Andalouse (autour de cette marche de 200 km de Màlaga à Almeria, en l’honneur et en souvenir de cette « desbandà » de républicains poursuivis par un certain général rebelle en février 1937), d’où je revins avec une curieuse et tenace angine durable, je n’avais eu occasion de remonter sur un vélo, pas même le vélo de ville. Faut dire qu’en début de saison, la plupart d’entre nous sont loin de la parfaire condition physique. Bref, le parcours dès le premier jour (mardi 4 mars) allait être l’occasion de révéler mon niveau, ma condition. Surtout qu’au programme figuraient plus de 50 bornes et un dénivelé passant les 1000 m. La mise en place se fera en douceur tout de même, avec une montée régulière quoique longue vers le col du Cros de Mouton (556 m), où tout le monde oublia la piqûre du petit air glacé matinal sur la place de la mairie de Collobrières. |
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![]() Préparatifs du départ mardi matin |
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Il fera même plus doux que prévu, l’azur ravissant ne cessera de nous accompagner dans la suberaie profonde, les rayons frileux du soleil parvenaient même à faire s’échapper quelque effluve de la bruyère cendrée arborescente dans sa livrée pré-pascale et le subtil parfum de la sublime ellébore qui n’est fétide que lorsqu’on la touche ou qu’on la froisse. Certes l’exercice physique plus éprouvant ne manqua pas à la recherche de Baisses ou de pas, sans jamais dépasser les 700 m d’altitude, les jambes eurent à tricoter, appuyer, forcer et je suis resté bien sagement et docilement à suivre le guide concepteur des parcours : normal, je me considère plus en ce moment comme une vieille carne qui essaiede se refaire une santé qu’un fringant fureteur detertres supplémentaires. | |
![]() Les Maures des chênes-liège |
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De l’avis de la plupart d’entre nous, l’assiette pique nique était
un peu juste, un pain bagnat pour tout dire,
sans autre supplément (sauf fruit), nous aviserons le Sébastien de la
chose pour qu’il améliore notre « repas tiré du sac ». D’ailleurs, avant
la douche et l’apéro prédîner, je ne fus pas le dernier à piquer dans le
saucisson, les noix de cajou et la bière à la châtaigne dans la salle annexe mise à
notre disposition. Ce soir au restaurant, on fera davantage honneur au
plat principal, cuisiné localement avec amour, du gigot d’agneau
accompagné d’un gratin discrètement aillé (faut dire que la veille au
soir, on n’avait pas encore roulé et le ragoût de chevreuil trop
abondamment servi et si bien préparé ne trouva pas beaucoup d’estomacs
préparés pour un rabiot pourtant amplement mérité !). Le mercredi sera en pratique la journée phare, centrale, exigeante, éprouvante, avec des rajouts et des retraits. Christophe et Jean-Michel avaient sans douté palabré avec Claude pour cette variante matinale de 2 km aller retour qui semblait sur le papier si insignifiante et qui pourtant nous demandera largement plus d’une heure, nous fera plonger dans les tréfonds d’un torrent perdu dans la broussaille, pousser le vélo entre les pierres, hésiter entre les multiples sentes et layons, suer dans la remontée. Au point que les trois électrisés du groupe, Gérard, Jacques et Régis s’apprêtaient à partir, lassés d’attendre. Claude maître d’oeuvre décida judicieusement de profiter de la présence d’une cabane de chasseur aménagée (table et chaises) pour casser la croûte au soleil. Il était juste midi. Nous fûmes la quinzaine comme la veille, les deux couples (Jean-Michel et Christine ; Alain et Chantal) ayant cette année choisi de faire parcours distincts à leur manière. Les choses se sont vite corsées après le démarrage le long du ruisseau gambadeur. On est allé se perdre dans le maelstrom des collines successives dressées contre le bleu intense d’un ciel pour le coup provençal. Montées, descentes, remontées, la machine ne casse pas mais le coeur et les jambes, un peu : Claude offre de rogner le suivi sur les crêtes se perdant dans les hauteurs, on regagne tous la piste empruntée quelque temps auparavant, on suit le flanc. Les VAE ont dégagé, faisant presque mentir telle publicité vantant les possibilités démultipliées de tels engins, qui passeraient là où le vtt musculaire ne pourrait tenir la rampe. |
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![]() La pause au soleil (col de Suve) |
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Tous néanmoins feront le Babaou, en théorie le dernier ensellement du jour, sauf qu’on ira encore chercher une bricole (bri-col) nous permettant de voir au loin les horizons marins moins brillants qu’en début d’aprèsmidi, les caps, les côtes, les anses, les baies, les îles, les presqu’îles, tandis qu’à l’opposé, vers l’ouest encore bien lumineux, c’était la silhouette omniprésente du mont Coudon qui séduisait constamment avec son joli profil bleuté. Une fois encore, pas d’incident, pas de chute, pas de pneu percé en cette seconde journée, n’empêche, on était bien crevés après ce grappillage supplémentaire à 443 m : veni, vidi, vincit , c’est ainsi qu’il faut avancer. Notre fatigue toute relative sera occultée par la majestueuse descente asphaltée et tournicotante. Les comptables auront noté l’addition : 61 km et 1450 m, c’est du costaud quand même ! Le maître-queux a renouvelé la carte : ce soir, poulet patates, sorbet au cointreau. Pas de grolle, limoncello et au lit, au moins pour moi, qui traîne encore cette empreinte bactérienne, virale ou mixte qui me mit le pus aux yeux à la mi-février. | |
![]() La pause sans soleil |
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Troisième jour : les brumes littorales, les rentrées maritimes comme on
dit, sont là. Il s’est dit qu’en Languedoc il pleut déjà. On touche du
bois, il ne pleuvra pas, alors on accepte bien que le ciel soit moins
bleu,
que les horizons apparaissent évanescents, que la mer soit de cyclamen
pâle. Les cols de ce jeudi seront avalés comme prévu, du moins pour la
douzaine qui restions en lice, Milou ayant pris le chemin vers St Céré
pas que pour ses abeilles. Citadelle, Landon, Labade, Pommier entreront
dans la besace des uns et des autres, pour certains un bis, mais tout
grimpeur sait que les montées ne sont jamais les mêmes quand on les
refait.Or donc le profil du jour se résumait à trois magistrales
montées, qu’on aurait pu classer première ou hors catégorie, comme une
belle étape de montagne dans un tour, sauf que là on est en début de
saison et sur des pistes, des chemins, des sentiers, parfois des
monotraces. 53 km avec 1300 m de dénivelé, ça reste encore de
l’exigeant. Les tractions musculaires et les assistés électriques
traverseront des paysages empreints de teintes grises et vertes,
toujours les bruyères cendrées, encore quelques mimosas dealbata, du
châtaignier sur la hauteur frisquette, bien moins de chênes-liège
toutefois. Nous n’accéderons au site isolé de la chartreuse de Verne
qu’en fin de balade pratiquement. On (une association cultuelle au
moins) a mis le paquet pour remonter ce qui était une ruine quasi
oubliée, abandonnée, à présent
des moniales y séjournent dans le silence, c’est un choix
de vie. Nous prendrons nos aises à Collobrières où l’on se retrouvera toutes et tous pour saluer l’entrée de Régis dans le groupe, élargi maintenant, des septuagénaires. Cela valait bien du champagne, des calissons et peutêtre une grolle savoyarde tardive que je n’eus pas l’honneur de goûter : le lapin chasseur, la salade au jambon et la crème marron chantilly m’ayant bien garni l’estomac lui aussi en convalescence. Vendredi arrive déjà, et le ciel se présente sec, le soleil fait joujou avec de frais nuages. La chance nous sourit toujours, la belle affaire. La montée vers ND des Anges, un des points culminants du massif (près de 800 m), ne se transformera point en chemin de croix : Claude a su ménager la troupe finale, la dizaine de présents dont les trois indécrottables VAE Gérard, Jacques et Régis. J’ai beau fouiller dans la nasse des souvenirs, je ne me souviens pas de m’être hissé par là, ou alors j’ai tout oublié. Pas impossible, tant le passé s’écrase dans notre mémoire. Le silence moite des nuages est venu emprisonner le ciel et à la cime c’est quasiment un spectacle d’hiver qui nous attend ; un vent qui transperce, des branches nues agitées, un horizon blafard, lointain, vers la mer et les îles. Le sanctuaire mastoc abrite une pléthore d’ex-voto rappelant des naufrages, ou s’étalent serrés pour remercier le ciel des vies épargnées voire des guérisons inattendues : simplicité et naïveté de la foi, toujours présente. |
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![]() Puits à la chartreuse de Verne |
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Comme on a accédé par route, on continue sur route : hormis la parenthèse du col des Fourches (537 m) engoncé à l’orée de remarquables chênes-lièges vénérables, tout ne sera que plongée fastoche si bien qu’avant midi, nous sommes revenus à l’hôtel des Maures. Pas évident de récupérer les quatre bricoles qui traînaient dans la salle de séminaires, puisqu’en effet elle était occupée au-delà de ce qu’on nous avait annoncé. Qu’importe, chacun chacune pourra se doucher, commandera sa bière, son sandwich voire son café, tout ceci au bar du restaurant où afflue une foule considérable de convives. Il faut vraiment réserver si l’on veut la bonne table côté jardin, beaucoup seront servis au pied du comptoir, dans une ambiance presque trop bruyante. Le bouche à oreille, ça marche pour rameuter une clientèle portée sur la qualité des plats et du service. Voilà, les arpenteurs des massifs ont rangé leur matériel, presque tous gagneront leur région dans l’après-midi. Christophe semble être le seul à prolonger ici son séjour. L’établissement accueille d’ailleurs un séjour cyclotouristique pour la fin de semaine, mais le temps sera-t-il à la hauteur des espérances ? La météo s’affiche assez pessimiste. À l’approche du terroir Montpelliérain, j’observe le ciel qui noircit sévèrement, la pluie sera là dans la nuit et le lendemain. | |
![]() Sous le col de Babaou |
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Pourtant même les partants prématurés savent qu’un nouveau rendez-vous est fixé pour début septembre, Jacques le « petit homme » nous promet une belle escapade au pied du géant Canigou, à Taurinya, ce petit village blotti au pied de la majestueuse façade des Conques : quel(s) 2000 irons-nous dénicher dans ces Pyrénées presque trop hautes pour nous, qui avançons dans un temps qui se creuse de vieillesse ? Le temps roulera là où se portera notre pédalée ai-je tendance à répondre. La 56° ratabouillade a été, vive la 57° ! | |
![]() le sanctuaire ND des Anges |
![]() l’écorce anti-feu du chêne-liège |