RATABOUILLADE à la Croix de Bauzon organisée par Jacques Juillard
du 11 au  15 septembre

 


    C'est le gîte de la Croix de Bauzon que Jacques, "alias le petit homme", avait choisi pour cette Ratabouillade située dans le parc naturel régional des Monts d'Ardèche. Très beau séjour organisée de main de maître par l'ami Jacques.

  
    Voir le reportage photos d'Alain
: https://photos.app.goo.gl/VTNcewzKmheVsbTL9 .
    Arrivés le lundi soir, le mardi fut consacré à la découverte du massif du Tanargue, balade malheureusement interrompue par une mauvaise chute. Repos le mercredi et reprise le jeudi pour une belle balade à partir du village de Loubaresse.


   
Voir le reportage photos de Francis: https://photos.app.goo.gl/VFfEVhWmU5qZ4PiMA

    Voir le reportage photos de Victor
: https://photos.app.goo.gl/aUnf3FZJ9JMRpHm49

 
 
     Compte-rendu de Victor Sieso

    Séjour centcoliste en Ardèche, du 11 au 15 septembre 2023

    Jacques a mis le paquet, c’est bien la première fois depuis des lustres que notre rencontre informelle se déroule en semaine (ici du lundi au vendredi) et sur un aussi grand nombre de jours. Après tout, dans l’effectif restant du groupe qui a pu friser la trentaine par le passé, nous voilà tous retraités, donc en principe indépendants des jours de la semaine. Que ce soit dimanche ou lundi, samedi ou jeudi, pour nous dorénavant et depuis belle lurette pour pas mal, les jours sont semblables en termes de liberté, disponibilité, projets…
    Jacques du Puy en Velay a mis son dévolu sur une proche région de son Auvergne habituelle, la zone montagneuse du Vivarais, un coin qui assurément est cher au cœur de tous les cyclistes, cyclotouristes, vététistes et même marcheurs. Entre la croix de Bauzon, le col de Meyrand et le col de la Chavade, les trois principaux points hauts d’accès soit vers les basses terres soit vers les forêts fraîches de conifères, il y a en effet de quoi faire en matière de cols accessibles sur route, piste ou sente. Jacques aurait-il succombé à la folie des grandeurs ? On ne va pas le lui reprocher, lui qui va nous régaler!


 
    Le site du gîte, à 1350 m

    Il y avait un programme introductif dès lundi avec départ du Pont de Labaume pour les mordus des retrouvailles tôt sur le terrain, j’espérais en être, mais en fin de compte, la sage résolution d’un covoiturage à deux (Bernard et moi) a prévalu sur toute autre velléité. L’accession en voiture au point de l’hébergement, sis sur les hauteurs du col de la Croix de Bauzon, est déjà en soi un voyage, dans la mesure où les voies d’accès sont plus secondaires qu’autoroutières : un avant-goût avant de se pénétrer pleinement de l’ambiance du secteur sur nos deux roues, avec de belles visions fuyantes du Mont Lozère qu’on laisse de côté, l’approche non loin des calcaires anfractueux des Vans et de Païolive et les harmonieux lacets par dessus La Souche conduisant au terroir des gentianes, des genêts et des landes d’altitude.
    Je n’ose plus compter les années écoulées depuis mes derniers passages du côté de Mazan, Issarlès, Gabarit, col du Pendu, Peyrebeille : c’est tout dans le secteur, cela fut en groupe, en charmante compagnie, en solo, toujours dans l’exaltation et l’émerveillement. Ah, le roc d’Abraham, figure de proue dans l’alignement des crêtes dévalant vers le couloir du Rhône, dont le seul nom biblique évoque on ne sait quelle épopée légendaire, eh bien, on va le frôler de très près le dernier matin en allant chercher le col de même appellation, de quoi rendre l’histoire plus vraie que la légende !

 
    Une vue bien dégagée vers le sud

    Il n’était pas donné que l’on puisse bénéficier d’un temps correct pour effectuer l’ensemble des sorties prévues, cet été si intense en épisodes de surchauffe et de sécheresse aurait pu réserver pour cette période orages et pluies diluviennes. Mais le changement climatique nous nargue, un peu à notre profit ici, car nous aurons droit à une semaine entière de temps estival, lumineux, chaleureux mais sans excès, les précipitations ne survenant que de manière nocturne. Un peu comme du temps de Jean-Pierre R. dont on disait qu’il nous avait commandé un soleil grand comme ça. 
    Les héros du lundi en ont juste fini quand on trouve l’emplacement du site qui est un gîte de grand format, sans doute créé au départ pour les sports d’hiver essentiellement, maintenant reconverti, comme bien d’autres stations d’altitude, dans tous nos massifs, en centre d’accueil pour activités en toutes saisons. Combien étaient-t-ils ? La dizaine peut-être ; ils ont écopé du chaud et des épines avec des pneus percés ici et là, comme au Salagou voici deux ans.
    L’effectif au complet frisera la vingtaine, tous des habitués, fidèles au poste, sauf le plus fidèle qui pour la première fois fera défaut, Gérard de Grasse, pour qui la route d’approche en véhicule aurait été trop lancinante, ce qui peut se comprendre. C’est un service traiteur qui amènera tous les soirs le repas chaud, souvent copieux avec des rations monumentales qu’on aura du mal à ingurgiter, surtout après le moment apéritif préparé par nos soins, qui entretient encore et toujours le feu sacré de la convivialité.
  
    
    Granite d’Ardèche

    Temps superbe pour mardi, pas de souci quant à une menace nuageuse, on va visionner sur les crêtes de Tanargue des horizons sublimes sur fond d’azur incommensurable. De la croix de Bauzon à la croix de Millet et retour par sentes ou route, la boucle d’une quarantaine de bornes et plus de 1000 m de dénivelé, comblera notre soif de découverte ou de redécouverte. Les chemins sont tellement secs et ravinés qu’Alain dérapera et se blessera légèrement sur une arcade sourcilière. Faut croire que c’est la météo aussi qui a contribué à sécher la chaîne du vtt de Jacques qui brisera un maillon. Curieusement, personne en ce jour ne percera, nous étions bien trop haut perchés pour que les ronces et autres prunelliers piquants s’en prennent aux gommes attiédies.
 
 
    La liberté est dans la pré

    Si nous verrons dans les vastes étendues jaunes des brebis sans patou, les bêtes à cornes, nous les rencontrerons les jours suivants, entre les clôtures électrifiées, près des landes à callune, entre les pins rabougris. Quant aux chevaux et aux champignons, ils étaient plus rares. Mais enfin, les prémisses d’automne étaient bien là : quelques feuillages ocrés, des bogues qui gonflent, des pommes tombées, des figues qui tentent (merci pour les quelques spécimens glanés à La Souche qui auront empêché la fringale de se manifester chez moi, le « sandwich » proposé étant des plus justes pour l’effort demandé sur un final tout en remontée, sente en sous-bois rectiligne pour 4 intrépides, longs kilomètres bucoliques pour le reste.
    En ce second soir montagnard, la tendance orageuse se précise, j’ai vu lors d’une petite marche après la douche s’approcher une vilaine formation sombre typique précédée du faible roulement de tambour du tonnerre, en provenance de la croupe étalée du mont Lozère voisin ; quelques gouttes lourdes et grosses me commanderont de rebrousser chemin. Il y aura une chaude grolle pour oublier ce petit revers.
    Pour ce mercredi 13, seuls 26 km sont annoncés, on ira plan-plan mais on effectuera le prévu. On rejoindra Bez par la piste et le goudron plutôt que d’emprunter le barbant raccourci farci de pierres. Comme hier à La Souche, le café de pays est fermé, mardi c’était la faute à trop tard, cette fois, c’est jour de relâche. Le ciel ne sera pas aussi brillant, lumineux et exaltant que la veille et le col du Pendu avait une allure un peu triste sous la couverture grise. Dire que je passai par là en solo dans les années 90 avec la neige à mes trousses lors d’une trans- cévenole bis. Aujourd’hui point d’alarme, on se prélassera au col des Pergeyres, vaste esplanade que la pluie nocturne a transformé en mini tourbière. On assistera à la germination de beaux cumulus au loin, mais nul grondement de mauvaise intention ne les escortait, olé ! Les cieux passeront du bleu au noir puis du menaçant au rassurant, puis le régime d’ouest frais se cherchera. Pas de quoi ranimer les myrtilles et les framboises, les mûres ou les genêts : tout a fructifié et les fleurs ont séché, ça sent vraiment l’automne, en dépit de l’arrogance verte des hêtres.

 
    Phase de poussage Tanargue
   
    Je ne sais d’où vient ce nom, mais j’ai suivi au-delà de la pédalée du jour le sentier botanique baptisé « Tanaris Arga », ce qui peut donner des idées aux onomasticiens (et Paul Fabre alias Eddius en était un fameux, qui nous aurait donné la clé » de l’énigme).
    On a donc réservé pour ce jeudi la balade qui aurait dû être réalisée la veille, question de fiabilité météorologique, et cela fut une bonne décision : nous aurons derechef l’aubaine d’un soleil jeune éclaboussant des rayons amoindris les grands espaces encadrant Loubaresse, où la moitié de l’effectif parvint matinalement sur sa montre préférée, l’autre moitié ralliant le typique pittoresque village perché sous le col de Meyrand en voiture, en prévision d’un retour allégé.
    L’effectif aussi s’est allégé, Jean-Michel et Christine rentrent en leur Périgord, ce soir les Charnet nous quitteront : la Blanquette du Propriétaire suffira pour la dégustation vespérale, en plus les bulles fêtaient la victoire de l’équipe de France de rugby face à un Uruguay qui donna bien du fil à retordre à un pack tricolore pas vraiment convaincant (ce n’est que l’humble avis d’un ignare en la matière !). Les 45 km du jour se dérouleront sur une autre crête versant, et là je reconnus bien ce que je fis depuis Valgorge au tout début des années 2000. Quant à « l’Anglirù » du jour, une folle remontée vers le sommet des Moles et la plaine de Sansibouge, plus aucun souvenir, faut croire que j’avais des jambes plus que faciles 20 ans en arrière. 
    Senteurs de résine sucrée dans l’effort, caresses du souffle léger d’ouest, café enfin en terrasse à Loubaresse, final de toute beauté sur la corniche panoramique du Meyrand puis via les routes forestières dans les sapins majestueux, tous les ingrédients étaient là rassemblés pour de bonnes sensations ; allez, la page se tourne déjà pour le dernier jour.
    Vendredi s’annonce ravissant de pureté, l’est surgit rayonnant de lumière, les plaines vers Alès sont inondées d’éblouissants rayons. Mais le mirage sera de courte durée, le ciel se fait en effet très vite enfermer par un assaut imprévu de brumes qui auront même l’outrecuidance de tronquer le fier rocher d’Abraham, près duquel nous allions tourner, les neuf que nous étions pour explorer ce coin granitique accidenté. Même Francis plus baroudeur que Guy à ses heures nous a lâchés, un long chemin de retour l’attendait.
 
 
    À la recherche du col de Sucheyre
 
    Le col d’Abraham, on y arrivera tous, mais seuls les irréductibles coriaces se paieront la performance de trimballer le vtt jusqu’aux 1312 m de l’ensellement enfoui entre brume, genêts et granits, j’ai nommé Claude, Guy et Milou, bravo à eux et merci Jacques de nous avoir fait découvrir le monument mémoriel d’un passionné de la montagne du terroir qui perdit accidentellement sa vie dans ces parages voici une dizaine d’années. Ce sera notre point d’orgue, notre point d’honneur, et personne ne s’aventurera à l’escalade du rocher voisin réputée difficile, voire dangereuse. Bon, Bassagoda, Roc de St Sauveur ou rocher de Capluc, ça me suffit, maintenant je tremble face à ces petites verticalités pas rassurantes pour la sécurité de mes vieux os…
 
 
    Pratarabiat 1370 m

    Fin de l’effervescence, on est revenus au gîte en tout début d’après midi, tout était rangé, la bonne fée du logis Chantal est passée par là, mais je ne doute pas que d’autres mains l’aient aidée. On grignote quelques restes du frigo, on remballe le matériel dans les voitures. Des orages sont prévus pour ce soir, et demain. Il faut se quitter, redescendre 1000 m plus bas. Il n’y fera pas la canicule redoutée. Mais les muscles resteront encore chauds malgré la douche après ces 13 bornes pédalées additionnés de deux bonnes heures de marche crapahutante. Espérons que le genou de Bernard aura tenu le choc. L’été et ses rayons verticaux n’ont officiellement pas encore cédé la place au temps des chatoiements dorés et des frondaisons multicolores. On emportera avec nous l’image des verts durs des feuillus sommitaux, des lumières souveraines des clairières, des poussières des chemins déroulés parsemés de cailloux si pointus.
   La revoyure de février ou mars prochains devrait se faire du côté de… mais chut, nous le saurons bientôt, suffit de dégotter un gîte de bonne capacité, affaire à suivre donc. Survol à la croix de Meyrand sud terrasse panoramique face au pays d’Alès le monument commémoratif sous le rocher.

      
         
     
Survol à la Croix de Meyrand sud - Terrasse panoramique face au pays d'Alès - Monument commemoratif sous le rocher d'Abraham