Limoux: février 2019 

 

Troisième Ratabouillade à Limoux, organisée cette fois par Jacques Juillard alias "le Petit Homme".



   La Rataboukikouillade de Ninaute

   Cette rencontre hivernale du groupe de fondus de cols (et même plus) serait une des plus fortes selon Jacques, un des coorganisateurs de ces journées qui se déclinent depuis quelque temps en long week-end prolongé jusqu’à la journée du lundi, puisque nous voilà quasiment tous retraités. Eh oui, car les deux larrons qui ont donné leur nom à cette édition, qui se sont fait forts d’avoir organisé tant et tant de parcours fouillés et farfouillés, sont pour le coup et depuis un certain temps dans un bel état de faiblesse, traitement de leur longue affection oblige.
   Si Jean de Limoux et Jean-Pierre de Castelnau n’ont plus l’heur de rouler pour le moment, ils ne nous oublient pas, et nous ne les oublions pas : ils nous ont dédié un ensemble d’itinéraires que nous pourrons parcourir entièrement sur goudron, donc sur nos randonneuses voire vélos légers, laissant de côté les lourds vtt, machines à labourer les sols meubles et caillouteux, à se frayer des traces dans les touffes piquantes, à franchir des ruisseaux sans gué...
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                                                                                                                                                                                         Victor

 

Samedi 16: au programme 4 cols, 93 km et 1475 m de dénivelé
Départ de Ninaute, gîte perché au dessus de Limoux,...
...Limoux que l'on aperçoit noyé dans les brumes matinales.
Passé N.D. de Marceille, nous filons...
...vers Montclar où une plaque posée sur la façade de l'église, nous rappelle qu'Albert Fert a reçu le prix Nobel de Physique en 2009.
Après le domaine de Bédounet, nous passerons les modestes cols de la Malepère (419 m) et de Port (226 m),...
...avant d'arriver à Arzens et son église St Genès placés sur le chemin de Compostelle (voie du Piémont Pyrénéen)
Le pique-nique sera pris à Montréal...
 
...et sera suivi de la visite de la collégiale St Vincent.
Un dernier regard sur Montréal,...
...avant une nouvelle pause à Bellegarde-du-Razès pour admirer l'église St-Clément de style roman.
Le retour sur Limoux se fera par le col de Marmajes (371 m), Alaigne et le col d'Enterri (215 m).
Et à Limoux, le carnaval bat son plein.
Dimanche 17: au programme 4 (ou 8 cols), 43 km et 675 m de dénivelé
Et c'est parti!
Les deux groupes formés en cours de route, se retrouvent au col de St-Hilaire
Aller et retour au col de St-Hilaire
Visite du village et de l'abbaye de st-Hilaire
Arrivée de ces dames au col del Prat (225 m)
Pique-nique à Villebazy
Arrivée au col de la Crouzette
Eglise et presbytère de Buc
Abbaye romane de St-Polycarpe
Retour à Limoux
      
Place de la République en attendant le défilé du carnaval. 
 
 
   
 
Le défilé du dimanche en fin d'après-midi. 
Et après le repas, Kikou entonna "le Pape"
Lundi 18: au programme 2 cols, 29 km et 355 m de dénivelé
Les rescapés du lundi: aujourd'hui, il y aura plusieurs groupes.
Pour éviter la remontée sur Ninaute, plusieurs se garerons à N.D. de Marceille, où un cadran solaire nous rappelle que "les heures qui passent ne reviennent jamais".
Le village d'Ajac, depuis le col éponyme.
L'église restaurée de la Digne d'Amont et le village de Castereng, villages sur la route...
...du col du Vila (470 m); le retour se fera par le même chemin.
La Rataboukikouillade de Ninaute (suite)

   ...C’est une première, je n’avais même pas réfléchi à vrai dire à cette éventualité, distrait que j’étais : Bernard qui est venu me prendre à domicile me l’a rappelé la veille : on prend la randonneuse, pas le 26 pouces. Certes depuis quelques saisons, certains arrivaient avec l’intention de ne rouler que sur asphalte, et notre groupe de crapahuteurs se réduisait d’autant. Cette fois, on serait tous en groupe unique à se tenir en retrait des R1 et autres S3 qui tant coûtèrent parfois en sueurs et récriminations, portages et poussages.
   Dans l’euphorie de septembre dernier, Jacques avait vu festif et grand, avec final en fanfare sur la place des Arcades, déguisement et participation au défilé carnavalesque, parmi les Réménils (ceux qui se remuent) et autres anciens et meuniers du vieux pont, mais le coup de massue de la sanction infligée à JPR les premiers jours de l’année nous a fait renoncer à cette euphorie au sommet, bien qu’à l’unanimité nous n’ayons pas remisé le séjour : Kikou avec sa Josette étaient pressentis pour les trois dîners parmi nous, et JP avait commandé la blanquette à défaut de pouvoir être présent.
   Il y eut d’autres empêchés pour des raisons familiales – ils se reconnaîtront – et l’ambiance fut à la retenue naturelle au premier soir de nos retrouvailles (dès vendredi), mais petit à petit, le joli ciel aidant, l’humeur passa au beau fixe, comme cet azur à outrance qui pourfendit le pays par delà les brumes livides de l’aube sur une Aude engourdie.
Chacun de nous assurément a franchi, parcouru, dévalé, grimpé, gravi la trentaine d’ensellements proposés dans un passé lointain englobant des randonnées intimistes ou grandioses, des brevets à dénivelé (le bcmf de Limoux est l’enfant de qui vous savez), des visites en solo, mâtinées de voiture ou de marche. Or l’occasion de les refaire met en perspective les années enfuies, qu’on a évidemment tendance à parer de la beauté du souvenir: on était jeune, on était fort, on alignait des distances énormes, on éprouvait si peu de fatigue… 
   Malepère, Razès, Piège, Corbières vertes eurent l’honneur donc de notre visite entre samedi, dimanche et lundi. On rasa Carcassonne et sa cité crénelée, on sinua dans le bois de las Mounjos (les bonnes sœurs), on s’éleva jusqu’aux cités circulades de Montréal, de Fanjeaux, on gravit la somptueuse route des crêtes de Piqolordi, maintenant entièrement revêtue. Certains prirent la liberté d’en rajouter, qui en passant du côté de Missègre, qui en se hissant via St Salvayre pour rejoindre le versant boisé de Belcastel.
Journées déroulées sous un délire d’azur, en dépit des stagnations laiteuses du petit matin. Les labours bruns et blonds alternaient avec les collines viticoles complantées de souches alignées et si bien entretenues, blanquette oblige (même si l’on sait élever tous types de vins dans ces terroirs bénis de Bacchus).
   On passa de clocher (mur ou droit) en clocher (à tour ou pointu, voyez Limoux !), d’abbaye en abbaye ( St Hilaire, St Polycarpe), de bourgade en bourgade (Arzens, Bellegarde, Villebazy, Pieusse,…), surgissant d’un bois, débouchant d’un ensellement (St Benoît, Dieudé, que je raterai faute de carte et de téléphone portable), passant d’un versant sapineux à un adret lumineux, incandescent, enjôleur. Joie simple de frétiller des gambilles près des flots qui frétillent. Avec pour horizon une montagne de Tabe hiératique et blanche trônant face au déroulé non moins merveilleux des pics ariégeois jusqu’au Luchonnais.
    Gérard en oubliera qu’il avait perdu-égaré son mobile au second soir aux portes de la ville (l’a-t-il récupéré auprès de cette mystérieuse dame qui communiqua par autre mobile interposé ?). La pente finale de Ninaute est rude, mais on sut se la coltiner à trois reprises sans problème, que voilà une bonne mise en train pour la suite des manifestations à venir, à Sérignan, au Salagou ou ailleurs.
   Comme en chaque occasion, il est rare que le groupe demeure uni d’un bord à l’autre des trois jours octroyés : les Périgourdins quittèrent le secteur dès dimanche après midi, Christophe fut appelé au matin du lundi vers sa lointaine Moselle, Régis et Jacques en manque de jambes coupèrent au plus court vers le col de l’Espinas en ce beau jour post-seigneurial, les Toulousains firent leur circuit terminal plus modestement que celui programmé, Xavier devait retrouver à la bonne heure son magasin de montures Vélouze (un joli petit bijou presque vintage), et le brave Francis dépité dut rentrer précocement au pied du mur, ayant cassé irrémédiablement sa roue libre.
   Comme il se doit en ces retrouvailles, sans parler de troisième mi-temps, il y eut les moments hors selle, avec les agapes apéritives toujours aussi abondantes et copieuses (de quoi compenser les repas standard du centre Robert Badoc), la distribution de la blanquette brute ou ancestrale au son de l’hymne quasi hispanisant du félibrige absent Jean-Pierre, et l’on ne peut omettre de citer le bain de foule au moment de la sortie des troupes habillées issues des bars de la ville, accompagnées des musiciens en bande, défilant entre blancs confettis et danse légère des carabènes, et je n’oublierai pas non plus la spectaculaire évasion virtuelle dans une Islande ventée, humide, rugueuse mais belle que nous procurèrent de leur voyage estival 2018 les potes Francis et Jacques.
   Nous repartirons le cœur content, content d’avoir retrouvé des contrées merveilleuses, content d’avoir partagé des moments de joie, des émotions bourgeonnant en ce quasi printemps précoce, content parce que porteur de projets à venir où l’on se retrouvera, où l’on retrouvera sinon les cuestas de grès toutes blanches, du moins les aiguilles volcaniques andésitiques ou autres, du côté du Puy en Velay : suivez mon regard, Jacques le petit homme a déjà presque tout pris en charge, presque tout prévu pour septembre à venir ; l’élan continue, il ne faut pas que la barque du désir se brise sur le récif de l’incertitude de l’avenir. L’aventure de plus d’un demi-siècle dorénavant se doit d’être poursuivie.

   (Samedi, 102 km et 1506 m dénivelé), dimanche 93 km et 1538 m ; lundi, 66 km et 1076 m)             Victor