vtt à prades en conflent: 4 et 5 septembre 2010 |
crédit photo: Alex Poyer, Alain Gillodes, Chantal Sala
Si l’on compte bien depuis 1994, cela fait une 17° édition pour l’estivale pré automnale, presque autant pour les rendez-vous de février : une belle constance que ces retrouvailles d’un groupe informel qui au fil des années a su se créer en dépit des aléas, des départs de certains, conserver son unité ; un bail pendant lequel régulièrement chacun d’entre nous a pu découvrir, proposer, faire ou refaire tant et plus de cols, hourquettes, passos, ports, puertos, forcas et j’en passe. Combien haut fûmes-nous le plus ? En quel millésime glanâmes-nous le plus d’ensellements? Cela fût-il en Espagne, à la frontière Italienne? Dans l’Aude? Et à quelle occasion parcourûmes-nous le moins de forcellas? En Auvergne? En Périgord? Dans les Corbières (ça m’étonnerait avec les panneaux installés grâce à Kikou)? Il y aurait là matière à faire un joli quizz, mais foin de passéisme, allons de l’avant, avec ou sans cheveux blancs! A propos de cheveux blancs, il est toujours singulier au moment de notre rencontre tous les six mois peu ou prou, de voir tel ou tel un peu changé, guettant sans le vouloir chez l’autre les signes de l’avancée en âge: des rides sur le visage un peu plus prononcées, une calvitie qui s’accuse, un regard qui, imperceptiblement évolue, des muscles qui flétrissent, une peau moins souple, un ventre moins entretenu. Considérer les autres ainsi se transformer renvoie à son propre devenir. Le vélo préserve, maintient la forme - si on sait le pratiquer assidûment - mais ne sauve pas des malédictions venues d’ailleurs, ainsi que nous le rappelait la carte souvenir de Germain disparu l’an passé . Il n’empêche pas non plus, même si on s’y applique régulièrement, la bugne, l’embûche, qui va de l’égratignure à la foulure, de l’écorchure à la belle plaie, bien vrai l’Alain et le Christophe, dont respectivement les mérites de cascadeur et le prénom prédestiné ne protégèrent pas d’une certaine scoumoune en ces ravissantes journées en pays catalan ? Pas besoin pour se faire adouber aux Cent Cols d’amener Blanquette, Clairette ou autres aligotés, tommes ou tartes, marmelades ou confitures maison, dégustations et spécialités locales (dans notre groupe les provenances géographiques sont assez diverses) : cela contribue sans conteste à la bonne humeur, à la cohésion sans faille. Il suffit de se pointer avec sa passion, ses cartes, ses propositions de sorties, ses controverses sur tel ou tel passage à homologuer ou non (à ce propos, quid du col d’Urbanya, un illustre inconnu, un voué aux gémonies, un lieu dit qui ne mérite pas de figurer au Chauvot?). Pas besoin d’arriver avec la dernière machine profilée, fourche suspendue, cadre à balançoire, freins à disques ou patins approximatifs, jantes tubeless ou rayons jumelés, selle profilée ou pédalier ovale. L’amour du vélo et de la chose bien faite suffisent. Ce qui n’empêchera pas la possible crevaison, le poussage d’engin sur pente extravagante ou terrain peuplé de blocs et de trous, le pied à terre sur pourcentage à deux chiffres affolant. L’ami Jean Pierre fournisseur pour cette fois des beaux circuits réussit sans mal à réunir les 25 participants habituels, même si l’équipe Périgourdine fut remplacée par un quatuor Fabréguois qui ne venait pas en néophyte. Prades en Conflent, sur les bords d’une Têt déboulant des hauteurs cerdanes, au pied d’un Canigou géant toujours aussi sublime, à la croisée de plusieurs vallées et de différents massifs, est un point de ralliement idéal pour explorer le terrain montagneux, route ou chemin, sente ou hors piste. Le néo retraité qui tient compte de la liberté nouvelle de bien des membres du peloton a d’ailleurs prévu au-delà de la fin de semaine une troisième journée du lundi où pratiquement plus des trois quarts du groupe pourront d’ailleurs être présents.
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Samedi 4: J’ai bien aimé cette mise en place en voiture du samedi qui me permit de plonger dans le bain pédalant dès le camping municipal pour rejoindre Urbanya pas comme les autres, histoire d’oublier la fastidieuse conduite auto et d’apprécier l’étroitesse d’une route faite pour la promenade en pleine nature. Si je fus seul à rallier sans brûler d’essence le village perdu, nous serons sept ou huit à dévaler la journée accomplie cette quinzaine de bornes sur goudron dont le visage n’a pas bougé depuis près d’un demi siècle que je la connais. Final en roue libre donc après une partie exigeante dans les grés desséchés de la piste du Coll de Torn. L’alouette grisollante ne fut point notre accompagnatrice vers les riches pinèdes qui enserrent les crêtes entre le privé domaine de Cobazet et le fastueux col de Jau, seule nous berça la senteur typique du ciste mêlé au genêt, reconnaissable entre toutes. J’identifierais les yeux fermés la fragrance des landes du Roquejalère et la distinguerais sans peine du flamboyant arôme des pentes rocailleuses du Canigou. Ce sont les mêmes végétations pauvres qui couvrent les versants mais de subtiles différences sont perceptibles quant aux essences qui émanent de ces buisons inflammables. |
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Au départ d'Urbanya |
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En piste pour le premier col de la journée... | |
...le Col de Marsac (1050 m) | |
Suivra une très longue... | |
...et rude montée... | |
...vers le... | |
...Col del Torn (1527 m) | |
Après un aller et retour au Coll del Mener (1563 m)... | |
...puis un deuxième au Coll de les Vigues (1359 m)... | |
...la troupe s'installa au Col del Torn pour pique-niquer | |
Certains en profitèrent alors pour récupérer! | |
Et c'est reparti! pour le Col de Jau (1506 m) | |
Depuis la jasse de Calhau, montée caillouteuse | |
au milieu des troupeaux et chardons. | |
Et après le passage à gué,... | |
...un sentier part sur la droite... | |
...et conduit (à chacun sa méthode!!)... | |
...dans un paysage lunaire... | |
...au Col de Planyas (1771 m) où Victor fait la pause!! | |
Retour sur le Coll del Torn et Urbanya avant l'apéritif devant une table toujours copieusement garnie | |
Et pour finir la soirée, il ne restait plus qu'à subir la terrible épreuve de la "Grappa" préparée par Régis, ce que chacun fit avec grand plaisir! | |
Dimanche 5: Si quelques nues légères environnèrent les cimes le premier jour, qui n’empêchèrent ni suées ni bronzette, le dimanche fut un réel feu d’artifice de soleil et d’azur, une flambée de pur été, un Eldorado de lumière déversée à torrents sur les contreforts de la cime reine de Catalogne. Temps faramineusement beau qui se payera assez vite à n’en pas douter, par des assauts de nuages et de précipitations orageuses, ciel atrocement pur qui appelait à rejoindre les terres élevées où l’air devait être plus léger, plus frais, plus agréable. Or nous consacrâmes le jour du Seigneur à crapahuter dans les bas fonds entre Villerach et Vernet les Bains. Journée de transition ainsi voulue probablement pour mettre l’eau à la bouche aux heureux présents du lendemain, dimanche qui se prétendait modeste mais qui faillit être funeste (les chutes de Christophe et d’Alain), qui aligna autant de dénivelé que la veille sans que l’on dépassât les 850 mètres. Joual et Juell se rejoignent par des bosses de dromadaire qui sont d’aériennes attractions pour qui aime le terrain technique. Le col de la Martre se gagne au prix d’un bel effort sub total sur un chemin qui « arrache » en quelques hectomètres un dénivelé d’une centaine de mètres. Jacques qui a de la famille à Taurinya invita la troupe pour l’apéro dans le plat jardin ombragé caché derrière des pampres garnis de belles grappes encore vertes ; oubliant Nadine et son acolyte l’infortuné André (qui se blessa bêtement le nez non pas à l’occasion d’un soleil provoqué par une branche prise dans les rayons puisqu’il renonça à nous suivre faute de jambes assurées, mais à cause d’une vitrine piégeuse au village même), oubliant une certaine réception en la mairie du village : bière et canicule provoquent des trous de mémoire, faut croire ! |
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Le soleil se lève sur l'abbaye de St Michel de Cuxa et le village de Taurynia | |
De la chapelle St Pierre près de Fillols, une bonne piste mène à la Collade (755 m) | |
Retour par un sentier de crête vers Fillols et le Col St Eusèbe | |
Le long toboggan passant par le Vieux Col de Fillols,... | |
...le Col de la Truja,... | |
...et le Col de Juell... | |
Avant de rejoindre Fillols et sa belle église romane du XIIès. | |
Descente technique depuis le Col de Millères sur les mines de fer de Salver et pique-nique à Taurynia chez la soeur de Jacques | |
Au programme de l'après-midi, les Cols de Jual (698 m) et de Clara (654 m)... | |
...avant de rejoindre Clara et sa fontaine salvatrice! | |
Ne restait plus que le Col de Vilerach | |
et le Col de la Martra avant de rejoindre Prades | |
Petit parcours dominical totalisant le double de cols par rapport à la veille, avec des bouts de pentes dégraissantes et sudorifères à souhait : le demi, le sérieux voire le formidable commandés en terrasse sous les platanes face à l’église Saint Pierre de Prades furent liquidés en un clin d’œil, suite logique d’une balade assoiffée, prélude à une nouvelle soirée qui n’allait pas manquer d’être arrosée d’une autre manière ; à l’aide de la cave des uns et des autres, des pichets du restaurant « la Comédie » aussi . |
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Comment fut le lundi de ces messieurs dame(s) restés en villégiature un soir supplémentaire ? Cinq ou six d’entre nous reprirent effectivement la route du retour à l’issue des deux jours habituels, pour aller rejoindre le travail sous des cieux vite englués et menaçants : un vrai jour de rentrée pour les jeunes potaches et les moins jeunes aventuriers d’un âge certain. Un volontaire plumitif nous livrera le récit de la formidable excursion vers le scabreux couloir du Llech et le vertigineux passage de l’Escala de l’Ours, le détour par un col des Voltes qui surplombe les grands versants à gentianes et à lis, à angéliques et à vipères, qui ouvre l’espace vers les Conques immenses et ravinées menaçant la station thermale de Vernet. Pour l’heure, rendez vous est fixé au cœur de l’hiver, sans doute avec d’autres températures et sous des cieux moins cléments, là bas « aux alentours de Barbaira où l’on voit se profiler les tours de Carcassonne » comme chantait Trénet. Nous serons déjà en 2011, nombre premier cela va sans dire ! Victor, le premier rentré au logis
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